Mathieu Arnold, Général Manager du MBA : « C’était devenu ingérable »

Mathieu Arnold, manager général du MBA, estime que la décision de la FFBB de reporter les matches de N1 durant le confinement est « la moins mauvaise des décisions » dans le contexte de crise sanitaire actuel

La FFBB a décidé de reporter les matches de N1 durant toute la durée du confinement. Le Mulhouse BA, qui a disputé cinq matches en six journées de championnat, se retrouve donc privé de compétition, mais continue à s’entraîner. Mathieu Arnold, manager général du club, fait le point.

Mathieu, que pensez-vous de la décision prise par la FFBB ?

La FFBB n’avait pas vraiment le choix. Elle a pris la moins mauvaise des décisions. Continuer comme si de rien n’était, ce n’était plus viable. Il n’y a qu’à voir le nombre de matches remis depuis le début de la saison. Entre ceux qui étaient positifs à la Covid-19, ceux qui étaient cas contact ou ceux qui ne pouvaient plus s’entraîner parce qu’ils n’avaient plus de salle à leur disposition, c’était devenu ingérable. Sans parler des contraintes matérielles liées aux déplacements : trouver un endroit où se loger, se restaurer, était un véritable casse-tête !

« La seconde phase pourrait être annulée »

Depuis le début de la saison, vous faites des tests Covid-19, alors qu’ils ne sont pas obligatoires en N1 comme c’est le cas en Élite et en Pro B : continuez-vous, alors que le championnat est arrêté ?

La FFBB considère que la N1 est un championnat intermédiaire entre les pros et les amateurs, ce qui ne nous facilite pas la tâche. Quoi qu’il en soit, nous effectuons des tests une fois par semaine depuis la reprise, début septembre, et nous continuons durant le confinement, même si ce n’est effectivement pas obligatoire à notre niveau de compétition. Nous nous comportons en professionnels.

Combien de cas avez-vous recensé jusqu’à présent ?

Deux : Cédric André, qui a été contaminé lors du match amical face au Besançon AC, et plus récemment Quentin Diehl, sans que l’on sache d’où venait la contamination. Du coup, l’équipe a été arrêtée une fois de plus durant plusieurs jours et n’a repris l’entraînement que la semaine dernière.

Contrairement à ce qu’il s’était passé lors du précédent confinement, vous pouvez continuer à vous entraîner. C’est une bonne chose ?

Oui, bien sûr. Jusqu’au confinement, c’était du grand n’importe quoi : les joueurs s’entraînaient, puis s’arrêtaient, puis reprenaient et ainsi de suite. Il n’y avait plus aucune cohérence dans les plannings et dans la préparation. Là, au moins, tout le monde peut s’entraîner normalement et sereinement. Et souffler un bon coup !

S’entraîner en sachant que les compétitions sont arrêtées, ce n’est pas évident, non ?

Ce n’est pas facile, mais les joueurs ne lâchent rien. Ils continuent à s’entraîner avec la même motivation et le même investissement qu’en début de saison. C’est remarquable et je leur tire un grand coup de chapeau.

« Nous devons innover »

Selon vous, le championnat ira-t-il à son terme ?

C’est difficile à dire. Je pense qu’il va évoluer. Les joueurs étant sous contrat jusqu’à la fin du mois de juin, nous aurons le temps de disputer nos 26 matches de championnat d’ici là. En revanche, et c’est une tendance qui pourrait se confirmer, la seconde phase pourrait être annulée, comme la saison passée, avec cette fois deux montées – le premier de chacune des deux poules – et deux descentes – le dernier de chacune des deux poules. Il y aurait une autre possibilité, qui serait de changer la formule de la seconde phase en la raccourcissant. Tout le monde, la FFBB comme les présidents de club, planchent sur le sujet afin de trouver la meilleure solution possible.

Pourriez-vous jouer à huis clos ?

Ce serait compliqué. Pour nous, le manque à gagner ne se situe pas vraiment au niveau de la billetterie : cette saison, nous avons décidé de fixer le tarif des entrées à 2 euros afin de rendre nos matches accessibles au plus grand nombre. Avec 800 à 1000 spectateurs dans les tribunes du Palais des sports, cela ne fait pas lourd. Le manque à gagner se situe donc avant tout au niveau de nos partenaires. Cette saison, ils sont plus d’une cinquantaine, pour certains fidèles depuis des années, à s’être engagés à nos côtés, pour environ 300 000 euros (Ndlr : sur un budget de 650 000 euros).

Aujourd’hui, qu’avez-vous à leur offrir?

Nous devons innover et nous réfléchissons à plusieurs pistes, comme présenter chacun d’entre eux à tour de rôle sur nos réseaux sociaux. Si nous devions jouer à huis clos, nous pourrions par exemple leur proposer une retransmission de nos matches en direct en les mettant en avant d’une façon ou d’une autre.

Depuis l’arrêt du championnat, certains de vos partenaires vous ont-ils lâché ?

Non, aucun, heureusement, parce que nous avons besoin de tous nos partenaires. Ils sont là pour nous, nous voulons être là pour eux aussi. C’est pour cela que nous cherchons des moyens de continuer à leur offrir une visibilité maximale.

propos recueillis par Sandrine Pays pour le Journal l’Alsace